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Photo du rédacteurAurélien | Coach pro perso

Tous HP : sommes-nous vraiment devenus si intelligents ?

Dernière mise à jour : 18 oct.

COACHING HAUT POTENTIEL

Coach developpement personnel Toulouse

Si jusqu’à peu l’acronyme "HP" renvoyait aux asiles d'aliénés, il est désormais plus souvent synonyme de "Haut potentiel", et se décline même en HPI — pour "Haut potentiel intellectuel" — ou HPE — pour "Haut potentiel émotionnel".

Sans parler des séries télé ou même des émissions de télé-réalité qui y font référence, on ne compte plus les amis dont l’enfant est supérieurement intelligent, les célibataires qui s’affichent comme "zèbre" sur les applications de rencontre ou les connaissances qui vous révèlent qu’ils pensent "en arborescence"

Les HP sont partout. Cela tourne à l’invasion, comme si nous redécouvrions que nous sommes des êtres doués d’une grande intelligence. Mais qu’en est-il au juste ? Est-ce là un effet de mode, nos référentiels changent-ils bel et bien, ou l’humanité est-elle radicalement en train d’accéder à un stade intellectuel supérieur ?


La redécouverte de notre intelligence

Ceux d'entre nous qui ont des enfants se souviennent sans doute d'à quel point le développement de leur nourrisson a pu les impressionner. Dès tout petit, l'enfant sent tout, et très vite, il comprend tout. Les progrès de nos rejetons sont très surprenants et l'acquisition du langage, qui leur permet de formuler des idées, n'est qu'une des étapes, qu'un des paliers franchis sans manquer de susciter l'émerveillement bien justifié de leurs parents. De fait, l'essor de l'intelligence chez l'enfant force l'admiration. Et si cela a sans doute été vrai de tout temps, cela s'exprime aujourd'hui plus librement et plus fort, dans un monde où la patte du Divin n'est plus une explication recevable ou suffisamment satisfaisante.


Il n'est donc pas illogique qu'une fois à l'école, les enfants qui rencontrent des difficultés soient aujourd'hui très souvent suspectés d'être des "surdoués" — comme on les qualifiaient par le passé — ou plutôt des "Hauts potentiels" — comme on les nomme désormais plus consensuellement. Si votre vie sociale est bien remplie et que vos amis sont en âge d'avoir des bambins, je vous mets au défi de ne pas avoir entendu parler du petit Bastien qui s'ennuie à l'école ou de la petite Chloé qui est très en avance mais qui n'obtient pas de bons résultats à ses évaluations scolaires. Tout se passe comme si nous redécouvrions que nos enfants sont intelligents, et de bien des manières différentes, de telle sorte que le système scolaire ne leur est pas toujours adapté. Bien sûr, en observant au travers de ce nouveau prisme le parcours de nos enfants, certains d'entre nous ne manquent pas de relire leur propre histoire a posteriori et d'y trouver des coïncidences troublantes. Et si étant minots, incompris comme nous l'étions, les adultes étaient passés à coté du fait que, nous aussi, nous étions très intelligents, voire trop intelligents ?


Si franchir le pas de se considérer soi-même, en tant qu'adulte, comme un Haut potentiel qui s'ignore heurte souvent de front notre humilité — et tous les stratagèmes que nous avons depuis toujours mis en place pour ne pas sortir du rang —, la question vient quand même à se poser... Comment ne pas être séduit par cet éclaircissement, cette justification qui tombe à pic pour expliquer nos difficultés et qui a pour effet secondaire non négligeable de nous déculpabiliser ? "Ce n'est pas ma faute si je ne suis pas compris, si je commets des erreurs, c'est parce que je ne suis pas comme tout le monde, parce que je suis trop intelligent." C'est une sortie par le haut qui pose la question de notre responsabilité mais qui finalement va de soi. Dans le contexte d'une société qui se déchristianise, où les exigences du surmoi se relâchent, on s'offre plus facilement le droit d'être comme on est, de devenir qui on est vraiment et de voir notre propre lumière, notre merveille. Car les êtres humains que nous sommes sont brillants, pour la plupart extraordinairement intelligents, comme je le constate tous les jours lors de mes séances en tant que coach en développement personnel à Toulouse.


La proportion des HP dans la population

Dans son best-seller Trop intelligent pour être heureux ? (2008), Jeanne Siaud-Facchin définit clairement ce que sont les Hauts potentiels, en insistant notamment sur ce trait qu'ils ont en commun : leur hyper-sensibilité. Elle met en avant le fait que bien souvent ces adultes surdoués se sont longtemps ignorés comme tels, parfois jusqu'au moment où ils sont venus en consultation à son cabinet. Leur environnement leur a en effet généralement renvoyé une image d'individus en échec, si bien qu'ils se sont savamment employés à ignorer certaines de leurs facilités déconcertantes. Comment, seuls, pouvaient-ils avoir raison contre tous ?


L'auteur insiste également sur la difficulté pour les personnes concernées d'accepter cette étiquette, qui fait d'eux des individus non pas supérieurement intelligents mais dont l'intelligence fonctionne plutôt différemment de la grande majorité de la population. Leur mode de pensée joue en effet souvent plus facilement avec le pouvoir de la rationalité et la puissance des émotions, si bien qu'il leur arrive de ne pas savoir expliquer comment ils ont trouvé la bonne solution à un problème compliqué. Alors même qu'ils rêvent de réussir à s'adapter à la vie "normale" en société, leur intuition s'impose à eux comme un trait, un éclair, qui peut surprendre leur environnement et rendre difficile leur intégration dans des groupes sociaux dont les règles de fonctionnement sont bien établies et pour qui l'argumentation — la rhétorique, en tant qu'art de convaincre — est reine.


Les tests psychologiques, qui vont bien au-delà d'un simple test de QI — uniquement capable de mesurer l'intelligence rationnelle d'un patient — et prétendent en objectiver la mesure, établissent la proportion des surdoués à 2,5% de la population globale. Ce pourcentage ne semble pas varier d'un pays à un autre, d'une classe sociale à une autre ou d'un genre à un autre. Plus important encore, depuis qu'on le mesure, ce taux ne semble pas non plus varier dans le temps. En d'autres termes, il n'y a pas plus de Hauts potentiels aujourd'hui qu'hier. Le fait que nous en entendions tant parler parait donc révéler que la terminologie de "Haut potentiel" est de nos jours très en vogue. Jeanne Siaud-Facchin remarque cependant que les surdoués qui viennent consulter, passent les tests et sont diagnostiqués sont la plupart du temps des personnes à qui leur "douance" — autre terme barbare à la mode — pose problème dans la vie de tous les jours. Il n'est donc pas exclu que ceux-ci soient plus nombreux parmi nous, si on adjoint aux statistiques toute une potentielle population de Hauts potentiels qui se sont mieux adaptés à la vie en société et qui ne souffrent pas de leur différence et de leurs capacités.


Coach développement personnel Toulouse

Le paradoxe du surdoué inadapté

Pour Carlos Tinoco dans Intelligents, trop intelligents (2014), alors qu'on définit ordinairement l'intelligence comme une capacité d'adaptation, les Hauts potentiels n'ont — non sans paradoxe — par réussi, à un certain stade de leur développement, à s'adapter à la vie en société. Si les gens "normaux" semblent accepter leur condition sans se poser de questions, les surdoués ne peuvent — malgré tous leurs efforts — s'empêcher d'en discerner toute l'absurdité. Ils n'ont pas été capables de faire ce "suicide intellectuel" que la vie sociale exige et se rebellent inlassablement contre les aberrations qu'ils dénotent, condamnés en bons Dons Quichottes à se battre contre des moulins à vent.


Ces êtres différemment intelligents, capables par exemple de sortir plus facilement du cadre pour trouver la solution à une énigme en réinterrogeant plus tôt, plus vite et plus efficacement l'énoncé, ont la capacité d'adopter spontanément différents points de vue sur les choses. D'où la description de leur mode de pensée comme non linéaire, en arborescence, et ce sentiment récurrent qu'ils partent dans tous les sens. Si Tinoco souligne lui aussi la souffrance générée par le besoin non satisfait de s'intégrer, d'être compris et de vivre des relations normalisées avec les autre, il insiste également sur la richesse que constitue cette altérité en mouvement qu'est la "douance".


Tout le paradoxe réside dans le fait que, d'un certain point de vue, les gens "normaux" sont plus intelligents que les surdoués. Ils ont été capables de s'adapter à ce que leur caractère d'animal social leur imposait, là où les Hauts potentiels ont échoué, au point bien souvent de ne réaliser aucun de leurs potentiels vertigineux. D'une certaine manière, une telle réalité révèle à quel point, aussi grégaires que nous soyons, parvenir à vivre en société est un exploit pour chacun d'entre nous. Et ce nivellement auquel les Hauts potentiels sont si attachés, consciemment ou inconsciemment, opère : les gens sont tous intelligents à leur manière. Il existe autant d'intelligences que d'êtres humains sur Terre, et il n'est pas évident que l'une vaille plus ou mieux qu'une autre.


L'intelligence décomplexée

Par le passé, se prétendre "intelligent" pouvait être avant tout perçu comme prétentieux. Le mot lui-même pouvait faire figure de "gros mot" dans de nombreuses situations. Nous l'avons vu au travers du cas extrême des surdoués, démontrer une intelligence différente et donc potentiellement incomprise pouvait être le vecteur de complexes. Il s'agissait de cacher sa différence. Puisqu'elle n'était pas acceptée des autres, ou que j'avais le sentiment qu'elle ne l'était pas, je ne l'acceptais pas non plus. Nous ne nous acceptions pas nous-même, en tant qu'être doués d'une intelligence singulière.


De nos jours, les Réseaux sociaux sont venus bouleverser notre conception de la sphère privée, provoquant notamment — parmi leurs effets positifs et sans en nier les aspects négatifs — un mouvement de libération de la parole en public. Nous osons davantage assumer qui nous sommes, par delà les contraintes sociales. Ces réseaux élargissent les groupes auxquels nous appartenons et, dans certains cas, distancient le contrôle social exercé par ceux auxquels nous avons choisi d'appartenir et qui nous ont acceptés. Dans la masse des publications et des commentaires, dans la jungle de LinkedIn, Facebook ou Instagram comme dans la vie réelle, la nécessité de mieux nous assumer tels que nous sommes pour mieux nous démarquer s'est imposée. Nous sommes à une époque où c'est la différence plutôt que le conformisme qui est valorisé. D'une certaine manière, le dogme social est remplacé par une ère de la pluralité. C'est dans ce contexte où les idées séduisantes se répandent comme une traînée de poudre, et où le concept de HPI n'a pas manqué de connaitre un franc succès, que les références à notre intelligence décomplexée se multiplient.


Alors que nous approchions le monde, et nous-même, de façon centralisée et rationnelle — voire taylorienne et rationalisée — ce pluralisme est venu battre en brèche nos certitudes. Nous redécouvrons jusque notre anatomie, en observant que nous n'avons pas qu'un seul cerveau, celui situé dans notre tête, mais trois, lorsque nous comptabilisons les centres nerveux situés dans nos intestins et notre coeur, et mesurons toutes les implications d'une telle conception quant à la nature de notre intelligence. Au travers de la notion d'intelligence émotionnelle chère à Daniel Goleman, nous revalorisons nos émotions face à la raison et prenons la mesure d'à quel point l'intelligence est plurielle. Avec la fin de la pensée unique qui dominait jusque-là notre conception de l'Homme et du monde, nos référentiels bougent et ce que nous nous autorisons à penser de nous-mêmes, en tant qu'êtres intelligents, évolue pour notre plus grand bien.


Coach de vie Toulouse




La féminisation du monde

Au travers de sa Phénoménologie des sexualités (2021), Laurent Bibard milite pour une véritable féminisation de notre civilisation occidentale où, même remise en question, prédomine encore cette pensée unique à dominante mâle — celle du père de famille ou du dirigeant d’entreprise par exemple. Car si la force, cette autorité capable d'imposer une seule vision des choses, est un attribut viril, le langage — véhicule de l'intelligence — est plus féminin. L'intelligence est par essence féconde. La pensée est fertile, non pas linéaire, divisible, mais multiplicatrice. Elle appelle à la douceur vis-à-vis de soi, des autres et de la nature que l'Homme exploite depuis des siècles sans respect. Au-delà des scandales qui ont fait la une ces dernières années, certains signes encourageants laissent à penser que cette féminisation s’amorce enfin.


« Si tu as une pomme, que j'ai une pomme, et que l'on échange nos pommes, nous aurons chacun une pomme. Mais si tu as une idée, que j'ai une idée et que l'on échange nos idées, nous aurons chacun deux idées. » George Bernard Shaw

Le philosophe Alexandre Kojève (1902-1968) prédit ainsi la fin de l'Histoire, née selon lui d'une impulsion toute masculine consistant en « une lutte à mort pour la reconnaissance ». Pour Kojève, la société subira une hybridation de genre où le féminin viendra compléter le masculin, un peu comme le conçoit le taoïsme au travers du Yin et du Yang. Et cette étape permettra à l'humanité d'accéder à un stade supérieur d'humanisation.


La reconnaissance de nos intelligences, telle qu'elle advient aujourd'hui, en serait-elle un signe précurseur ?

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